La Vie autour du Couteau

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Attention EVENEMENT ! La Vie Autour du Couteau sera jouée

les 2, 3, 4 et 5 Juillet à l’espace Dionysos de Montpellier, quartier d’Antigone (arrêt de tramway Léon Blum à 21 heures - gratuit)

Du 7 au 18 juillet à 14 heures au festival off d’Avignon dans la cour des notaires, 23 bis rue Thiers (12 euros plein tarif, 9 euros carte AF&C et étudiants et de 7 euros pour les chômeurs).

Samedi 29 juillet, Saint Hernot (Morgat)

 

La Vie autour du Couteau


par la Cie La Rigole

 

Texte de Wajdi Mouawad (Incendies),
adapté par Sophie d'Orgeval

 

 

En fait de couteau, c'est un vrai coup de poing au ventre que l'on reçoit. Et, avec ce masochisme passionné propre aux extra-terrestres dont les nuits alunissent tous les soirs au théâtre, on aime et on en redemande...

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Pourtant, ce coup de poing et de couteau font mal. Mal à l'âme en tout premier lieu. Et la "petite Espérance" chère à Péguy aussi... On n'a pas oublié Sabra et Chatila - comment le pourrait-on ? -, les milices, les réfugiés, Deir Yassine, Qibya, 1982, septembre et plus... C'est la part noire de l'homme qui a frappé encore, comme une réplique des pires séismes du vingtième siècle que l'on croyait, naïvement, passés...

Alors, dans le chaudron de l'actualité libanaise de ce mois de juillet 2006, voir sur la scène resurgir l'horreur libanaise - encore ! - de 82, ça fait déjà très mal au ventre. Mais quand en plus c'est bien écrit et magnifiquement joué, alors ça vous remue forcément les tripes, comme une éventration de conscience endormie.

Une conteuse créole - pourquoi ? Mais pourquoi pas ? - et un comédien professionnel ont été convoqués sur scène pour le même rôle, que l'un et l'autre ils se disputent : nous raconter la terrible histoire de Nawal, cette jeune femme libanaise, obligée par le regard des autres d'abandonner son nouveau-né, un innocent, qu'elle reverra vingt ans après, devenu par le jeu lamentable des guerres, le bourreau... Nawal, à laquelle sa grand-mère visionnaire, a fait promettre d'apprendre à lire et à écrire. Les mots pour s'opposer aux maux. La résistance par le verbe aux exactions par le couteau. Une sagesse, un engagement, une espérance malgré tout mais si difficile à tenir !

Quand Nawal revient au pays, pour l'enterrement de sa grand-mère, elle a appris à lire et à écrire. Elle rencontre Sawda, une jeune femme illettrée, qui brûle de suivre les pas de Nawal : quitter le village, apprendre, devenir...
C'est le début d'une profonde amitié : les chants de Sawda apaisent Nawal ; la froide détermination de Nawal calme la fougue de Sawda.

Jusqu'à ce jour, vingt ans après, où le destin bascule à nouveau dans l'horreur. Le journal populaire qu'elles avaient ensemble créé est saccagé par la milice. On les recherche ; elles sont prises. Elles ne sauvent leur vie qu'au prix de celle d'un milicien sadique. On ne pleurera pas ce pervers... Mais par ce geste l'engrenage et les rouages de la violence se remettent en marche à nouveau, étouffant l'engagement verbal au bénéfice de l'action.

La fin terrible de l'histoire, je ne peux pas vous la dire ; il faudra la voir... Deux lourds destins et une morale.

Un spectacle pur, sur un texte dur, porté par trois comédiennes talentueuses.

Sophie d'Orgeval, coauteur de la pièce et metteur en scène, incarne une Nawal impressionnante d'engagement et de dignité. Elle est aussi la savoureuse Doudou à l'accent cwéole pwononcé.

Marie Yaouanc est Sawda, touchante, tour à tour tendre et révoltée. Personnage complexe au large registre de sentiments auquel elle donne toute son ampleur et sa passion. Et puis d'écouter Marie-Sawda chanter, ça vous donne encore plus de frissons.

Enfin, et ce n'est pas la moindre, Lucie Lalande incarne le conteur, ce comédien proffffffffffessionnel de tout à l'heure. A la fois teinté de mime et de tragédie débridée, le rôle convient parfaitement à cette actrice qui montre un vrai pouvoir comique malgré le sujet de la pièce. Et ça nous fait beaucoup de bien de rire à ses mimiques, à ses délires d'imagination, à ses exagérations de conteur. Le personnage ? la comédienne ? Qui nous fait rire ? qui applaudir ? Les deux bien sûr, une rencontre aux petits oignons !

C'était le dernier spectacle de la tournée. Déjà on a bien hâte de les revoir sur scène ces trois actrices qui ont eu le pouvoir de nous faire rire et frémir à la fois sur un texte bouleversant que l'imbécillité des hommes a remis au premier plan de l'actualité...

En guise de post-scriptum je vous rapporterai ceci ; ces quelques mots de Sophie d'Orgeval, au cours de notre discussion d'après-spectacle : "Depuis le 12 juillet, depuis que les hostilités au sud Liban ont commencé, en jouant 'La Vie autour du Couteau' on se sent investies d'une responsabilité que l'on ne soupçonnait pas avant... Et ça change tout."

Thierry Cohard   

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