Maud Perrenx, incomparable bourguignonne, est une précieuse amie. Il y a beaucoup à méditer dans le symbolisme médiéval de ses images. Munissez-vous à l'occasion d'un bon dictionnaire des symboles car, à ce jeu suprêmement, Maud est experte ! Sinon, laissez-vous seulement décaler vers ces grands mondes hypnotiques, mystérieux, qu'elle dessine, cocottes et lapins compris, sur la trame des toiles de Vie, si chère, la nuit, aux poètes Maudits...
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Vers l'oiseau aux quarante diamants

C'est vers l'équinoxe d'automne
Ce paraît au sommet de l'arbre
Un oiseau blanc
Un oiseau blanc
Il porte quatre plumes

Ce sont les plumes qui mettront
Quarante jours à devenir
Quarante diamants
Ce sont les larmes de l'oiseau
Une femme le chante

Les larmes recèlent la vie
C'est la dame du bois
La mendiante desséchée
La blanche fiancée des géants de la nuit

C'est la fiancée qui le dit
C'est la fiancée qui l'écrit aussi
Sur les ailes du Phénix
Qui dit l'histoire de l'enfant né sans talon

L'histoire muette de l'Oiseleur
Qui oblige les filles
A tisser pour lui
L'histoire de l'Ogre qui bat au marteau
L'ogresse qui brûle sa peau

Elle écrit
Et parfois s'endort
Vers le jeune soleil
Et vers le jeune amant
Vers l'oiseau
Aux quarante diamants

***

Maud Perrenx (Château-Chinon, le 14 mai 2001 + 1 jour)

Les Reines

Il est à l'image des anges
Des Reines
Des Reines en robes de losanges
Figées
Et qui semblent songer.

Il serait par la voix des chantres
Des Reines
Des Reines aux paupières fermées
Au hasard des âges des Reines
Damnées.

Il serait
Pour l'au-delà parées
Des Reines
Très belles et très sages
Des Reines
Au Devenir tranché.

Il est
Comme les lézards
Des Rois
Ceints dans les ventres
Des Reines endimanchées
Des anges !

Il était quelque part une tombe cachée.

Maud Perrenx

Les filles de Diane

Elles se sont pendues les belles
Les belles aux beaux corsages
Les belles
Les gentianes
Pendues à la fleur de l'âge
Les filles de Diane.

Elles se sont pendues les belles
Les belles entortillées
Les belles
Dans leurs chevelures de lianes
Pendues avant l'été
Le filles de Diane.

Elles se sont pendues les belles
Se sont pendues de rage
Les belles
Les diaphanes
Pendues avant le mariage
Les filles de Diane.

Maud Perrenx

Neige

Neige blanche ou neige beige ?
Neiges-nues ou neiges nées ?
Neige rêve ou neige-rive ?
N'ai-je rêve ou je n'arrive ?

N'ai-je piège qui m'enivre ?

Lune neige !
Neige angine ou chêne-liège ?
Ange-lige ou ange-neige ?
Livre-givre ou page neige ?
(Ai-je ou n'ai-je de génie ?)

Que sais-je ?
Neige-hiver ou neige-été
N'ai-je d'hiver qu'en été
Quand divers étés il neige ?

Maud Perrenx

Trapéziste

Sous la voûte céleste
Enluminée
D'étoiles
La frêle trapéziste
Par un fil accrochée,
Leste
Tisse dans les airs de fines entretoiles.

Dentelles au ciel
Filées
Orfèvrerie volée
Du bout des ailes
Par la fille aux jambes irréelles
Dorées
Qui se dévoile.

Le ciel est bas alors quand les rêves s'enmêlent...
Le ciel est bas-résille sur ses jambes sensuelles
Il est éternité
Et frôlements charnels
Il est dessous de soie... portés au trapèze du ciel.

Maud Perrenx