Urlo : Pippo Delbono

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Fond sonore : la voix de Pippo dans la Rabbia                                                       Roscanvel, le 12 avril 2006, 1H

Mille bravo Pippo !

Il y a quelques heures encore j'étais alternativement pétrifié et joyeux, devant URLO. 

Puis c'est le corridor du Quartz vers le couloir des loges et là, Bobo* : une chaude poignée de mains ; je lui donne un bravo comme on offre un cadeau en retour d'un geste apprécié. C'est étrange et c'est beau : il y a deux ans, pour Il Silenzio j'étais aussi rentré dans son intimité d'acteur, en coulisses après le spectacle, mais j'avais eu - à juste titre - le sentiment de déranger, de lui faire peur. Aujourd'hui, j'ai vraiment eu l'impression qu'il me reconnaissait, qu'il était heureux de me voir. Et moi je ne l'étais pas moins. Amicale chaleur. Comme s'il s'attendait à ma visite (j'imagine que non, mais c'est l'impression).

De son côté Gianluca* ne perd pas une occasion : il sert la main aux deux garçons (Adrien et moi) ; et se fend d'un baise-main sensuellement appliqué à l'attention exclusive de Lara. Il a fait mouche, le séducteur ! Elle paraît troublée.

Adrien a frappé à la porte de ta loge et nous sommes entrés tous les trois, contradictoirement poussés par une envie de te connaître et le trac de te rencontrer. De cette contradiction, si je t'ai bien lu et compris dans "Le Corps et l'Acteur", est née notre spontanéité réciproque.

Alors, très simplement, ce fut un beau moment d'échanges de vues : nous nous réjouissons tous les deux de la victoire de Romano Prodi sur Berlusconi. Tu nous dis gravement qu'en Italie, la situation est plus difficile qu'en France. Le paysage culturel formaté par les média de (l'ancien) nouveau Duce. A l'origine seule la culture t'intéressait. Maintenant tu as conscience que la culture ne saurait résister au pouvoir, sans l'engagement politique de tous les humanistes qui la bâtissent. Tu nous confies t'être récemment rapproché du Parti Communiste même si tu restes méfiant vis à vis des Trotskistes excessifs. La gauche bourgeoise ne te rassure pas mieux et je te comprends, quand elle oublie les petites gens. Face à la gravité nous évoquons l'Espoir...

Tu nous signes des autographes chaleureux en italien, parce que, nous dis-tu : "je parle assez bien français ; je le le comprends et je le lis aussi, mais l'écrire !!! c'est autrement plus compliqué !"

Poète moi-même, je suis toujours soufflé par la poésie des textes de tes spectacles. Est-ce toi qui les écris ? Alors tu m'expliques la formule de ta création : tout part d'une phrase, d'un texte dont tu te souviens ; de mémoire tu l'amplifies, de mémoire et de sensations tu le réécris. A l'origine c'est peut-être du Pier Paolo Pasolini. Au final, et avec ce souffle rauque et unique de ta diction, avec cet accent et ce rythme de montagnes russes qui se ressourceraient au soleil d'Italie, ça devient du Pippo Delbono inimitable !

Nous te disons au revoir, et au prochain spectacle ! Une intense poignée de mains longuement partagée (à deux mains, à demain). Tu veux te souvenir de nos prénoms. Cette attention nous touche et conforte l'image que nous avions de toi : humain, curieux, magique et sensible Pippo ! Grazie mille, bravo ! d'être pour nous exactement celui que tu nous paraissais !

Nous sommes sortis de ta loge. Tu vas pouvoir te reposer. Dans le couloir, je salue Jacques Blanc, le Directeur du Quartz, en le remerciant de nous avoir, encore une fois, offert de l'émotion. Il me paraît sensible à mon remerciement et nous invite à boire un pot avec la troupe. C'est une belle attention et nous aimerions bien, mais nous venons de loin et, dans le car, nous attendent quelque cinquante lycéens...

Mon cher Pippo, je ne voudrais pas terminer ce message sans te dire qu'à chaque fois tes spectacles me surprennent (La Rabbia, Il silenzio), me bouleversent et me font décoller. Je n'ai pas accroché à la première scène de Urlo. Je me disais : "Cette fois, c'est raté ! la magie n'est pas au rendez-vous..." Et puis... je me fais toujours avoir et j'adore ça ! A la deuxième scène j'étais séduit, conquis ; je partais pour un monde, ton univers à toi, aventurier d'un soir, comme tant d'autres à tes côtés. Je décollais. Les volcans de ta création sont imprévisibles et profonds ! Ils nous remuent plus que les tripes : l'âme et l'on se trouve en vis à vis avec le miroir de sa conscience... Ca fait du bien. Ca fait du bien d'aimer, ca fait du bien de s'émouvoir, de s'interroger, de ne s'attendre à rien de mieux que le meilleur du cœur pour une humaine humanité.

Grazie, grazie mille Signor Pippo ! Et à tout bientôt !

Thierry Cohard

Des liens que je vous conseille vivement : la Compagnie Pippo Delbono et des extraits vidéo de ses spectacles

* Bobo et Gianluca sont de précieux et talentueux acteurs de la troupe de Pippo

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