[...] Mes personnages sont petits et très
maladroits. Ils se débattent dans des situations grand-guignolesques qui provoquent le
rire. Cest tout. Ce nest pas leur fonction qui est ridicule mais leur
caractère et leurs petites faiblesses. Ils sont empêtrés dans une histoire simple. Ma
bonne est espiègle et provocante comme une servante de Molière. Patachon est seulement
très patachon dans sa vie et dans son travail : peu mimportait quil fût
dans lindustrie de la lessive ou dans le commerce du bétail, sauf pour moi à jouer
sur lidée de laver son linge en famille. Si je confronte un juif alsacien et un
Adolf Gebbels autrichien (mais sans "O"), cest juste le prétexte à
caricaturer les relations parfois délicates entre des histoires personnelles lors
dassemblées familiales ; les deux scènes du plan de table et le récit du
repas désastreux mont aussi paru des motifs savoureux. Ma bourgeoise, madame
Patachon est très bourgeoise. Ma blonde très blonde. Les mémés et les tatas très
sourdes mettent les pieds dans le plat avec beaucoup dinnocence pour mon plus grand
plaisir.
Quant aux deux gendarmes, ce pourrait tout aussi bien être des
policiers, des inspecteurs ou des privés. Ils sont lélément de résolution de la
pièce, le moteur du troisième acte. Le comique vient de ce que ces personnages se
sentent parfois un peu démunis face à ce monde bourgeois surfait. Ca les rend amusants
et touchants. Du reste ils sont braves, utiles et, au final, efficaces. A part cela, ce
nest quaffaire de style, travail sur les subtilités de la langue, jeux de
mots et bien entendu mise en scène...
Il ny a rien de plus.
Quon ne cherche pas dans ma pièce une quelconque critique
sociale ni aucun propos révolutionnaire. La seule provocation que je revendique ici
est
de provoquer le rire. Jai aussi lambition de dépoussiérer le
théâtre de papa, en introduisant dans le texte et dans la mise en scène, une part
dimprovisation et la participation active du public. Je compte sur ces deux leviers
pour ouvrir le rideau invisible qui sépare les spectateurs prostrés dans la salle, des
acteurs et des personnages éblouissants sur scène.
Quon ny voit rien de plus mais surtout rien de
moins !
(extrait de la lettre au Capitaine de gendarmerie Alain Chalet)
Thierry Cohard